- dreyfusard
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• 1898; dreyfusiste 1897; de Dreyfus♦ Partisan de Dreyfus. « Un de ces dreyfusards qui se sont dressés dans leur dreyfusisme » (J.-R. Bloch).dreyfusard, arden. et adj. HIST Partisan de Dreyfus, de la révision du procès de Dreyfus.— adj. Sympathies dreyfusardes.⇒DREYFUSARD, ARDE, DREYFUSIEN, IENNE, DREYFUSISTE, adj. et subst.A.— (Celui, celle) qui est partisan de Dreyfus et convaincu de son innocence; p. ext., qui a des conceptions politiques de gauche. Mme Verdurin (...), sincèrement dreyfusarde (PROUST, Sodome, 1922, p. 885). Moi, je suis dreyfusard par raison, et antidreyfusard par goût (DUHAMEL, Désert Bièvres, 1937, p. 246) :• ... nous étions une poignée de dreyfusistes; et maintenant, ils sont une armée de dreyfusards... « Que valent-ils? Je n'en sais rien. Ils font des confusions (...) entre le militarisme et l'armée, entre le nationalisme et la France.MARTIN DU GARD, Jean Barois, 1913, p. 436.— Adj. [En parlant d'une collectivité] Salon dreyfusien (PROUST, Sodome, 1922 p. 744). Nous les bandes antiantisémitiques et dreyfusistes (PÉGUY, Argent, 1913, p. 1223).B.— Adj. [En parlant d'une chose concr. ou abstr.] Propre au dreyfusisme et à ses partisans. Journaux dreyfusards (CLEMENCEAU, Vers réparation, 1899, p. 316). Un fonctionnaire d'aspect dreyfusard (TOULET, Corresp. avec un ami, 1920, p. 190). L'idéologie dreyfusienne (BERNANOS, Gde peur, 1931, p. 191).Rem. Des trois formes, celle de dreyfusard est la plus couramment employée. Dreyfusiste est plus attesté que dreyfusien et sert surtout à qualifier des pers. Le suff. -ard implique gén. une nuance péj. chez les adversaires de la gauche; la docum. indique que ce n'est pas toujours le cas. Dreyfusiste s'emploie plutôt dans le sens restreint de « partisan », dreyfusard ayant, en compar., plus souvent un sens extensif.Prononc. :[
], fém. [-
]. Pt ROB. admet, également, [
-] p. harmonis. vocalique. Aucune transcr. des autres formes. Étymol. et Hist. I. 1897 subst. dreyfusiste (L'Illustration, 13 nov., 382a ds QUEM. Fichier); 1909 adj. (ROLLAND, J.-Chr., Maison, p. 1043). II. 1898 subst. dreyfusard (L'Illustration, 15 oct., 242a-b ds QUEM. Fichier); 1898 adj. (J. GRAND-CARTERET, L'Affaire Dreyfus et l'image, p. 88, ibid.). III. 1898 adj. et subst. dreyfusien (op. cit., p. 19 et 135, ibid.). Dér. du nom de Dreyfus, officier français (1859-1935); suff. -iste (I), -ard (II), -ien (III). Fréq. abs. littér. Dreyfusard : 143. Dreyfusien : 7. Dreyfusiste : 16. Bbg. QUEM. 2e s. t. 4 1972.
ÉTYM. 1898; de Dreyfus, et suff. péj. -ard, par oppos. au terme neutre dreyfusiste.❖1 À peine engagé dans l'affaire Dreyfus, il (Jaurès) sentit bien que des épreuves nouvelles et des devoirs nouveaux allaient commencer pour tous les dreyfusards, comme on les nommait dédaigneusement.Ch. Péguy, Préparation du congrès socialiste, Cahiers de la quinzaine, février 1900, in la République…, p. 22.2 — Mais Robert de Saint-Loup pourtant est dreyfusard ?— Ah ! tant mieux (…) Cela ne m'étonne pas, il est très intelligent (…)Le dreyfusisme avait rendu Swann d'une naïveté extraordinaire.Proust, le Côté de Guermantes, Pl., t. II, p. 582.3 (…) un autre soir, à la sortie d'une réunion dreyfusarde (…) il a été emmené au poste, pour avoir conspué les sans-patrie, et crié à pleine gorge : Mort aux juifs !… Vive le Roi !…O. Mirbeau, le Journal d'une femme de chambre, p. 171.REM. La forme dreyfusien, ienne, adj. et n., est attestée en 1898.❖CONTR. et COMP. Antidreyfusard.
Encyclopédie Universelle. 2012.